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François-Xavier Roth, premier chef invité du LSO, affiche ici sa profonde affinité avec la musique de Debussy et de Ravel. De mystérieuses mélodies se tissent délicatement dans la Rhapsodie espagnole, ponctuées d'éclats de fanfares et de rythmes de danse Habanera. L'ouverture voluptueuse à la flûte du Prélude à l'après-midi d'un faune évoque un monde de fantaisie luxuriante. Chaque instrument ajoute quelque chose d'unique, et l'ensemble de l'oeuvre semble flotter librement. Dans La Mer, Debussy raconte l'éternelle odyssée de l'océan. Il navigue à travers la tempête et le calme, le vent et la pluie, dans une musique qui monte et descend au rythme de la mer. La partition est si vivante que l'on peut presque sentir le sel de mer et voir les crêtes des vagues : magnifique interprétation du LSO avec François Xavier Roth en capitaine magicien du son.

Cette oeuvre de Purcell est basé sur Le songe d'une nuit d'été de Shakespeare, une pièce peu jouée à la fin du XVIIe siècle, ni très appréciée ("la pièce la plus ridicule et la plus insipide que j'aie jamais vue dans ma vie" - Journal de Samuel Pepys, 1662). Malgré cela, la pièce continua à bien fonctionner dans un opéra, car les personnages de Pyramus et Thisbe pouvaient évoquer la complicité entre le chant et la danse. La performance magistrale de Purcell dans la composition et la superbe interprétation de McCreesh démontrent pourquoi leurs enregistrements sont considérés comme les meilleurs de la musique classique d'aujourd'hui.

Le compositeur réalisa en Italie la même tâche que Marc-Antoine Charpentier et plus tard François Couperin en France : donner à la forme musicale des Lamentations de Jérémie une intensité dramatique, parachevant ainsi le rituel religieux qui n'avait pratiquement pas changé depuis le Moyen ge jusqu'en ce début du XVIIIe siècle. L'une des particularités des Lamentations de Scarlatti pourrait être l'habileté magistrale de son écriture mélodique, qu'il réduit à l'essentiel en résistant à la tentation de se laisser séduire par l'appel de l'opéra afin de favoriser les effets et les affects hérités du madrigal.

Ce manuscrit a été découvert en 2004 par Christophe Rousset. Issu de sa collection privée et enregistré pour la première fois ici, cet ouvrage fut autrefois la propriété de Lydie de Théobon, maîtresse de Louis XIV jusqu'en 1672. Outre les airs incontournables de la fin du XVIIe siècle, il contient également plusieurs transcriptions anonymes d'oeuvres de Lully, ainsi que de nombreuses pièces inédites. Se révèle ainsi en filigrane l'art de l'auteur du manuscrit, que l'on découvre à travers ses différentes transcriptions. Un précieux témoignage des pratiques musicales de l'époque, auquel le clavecin Nicolas Dumont 1704 enregistré ici, à la sonorité puissante, rend une justice évidente.

La jeune violoniste norvégienne Vilde Frang a déjà une riche discographie chez Warner Classics avec pas moins de six albums à son actif. Elle revient avec le premier Concerto de Bartok accompagnée par l'Orchestre Philharmonique de Radio France sous la direction de Mikko Franck et l'Octet de Enescu, une oeuvre plus rare au disque. Ses grandes qualités : une maîtrise de l'archet exemplaire, une main gauche précise et agile, un jeu d'une grande fraîcheur, mais aussi une rare intelligence musicale, mêlée à une curiosité admirable pour son âge. Vilde Frang sait ce qu'elle veut obtenir et transmettre à son public, et elle y parvient de la plus belle des manières.

François Lazarevitch et Justin Taylor mettent toute leur sensibilité et leur virtuosité au service des sonates pour flûte et clavecin obligé de Carl Philipp Emmanuel Bach. Avec ces sonates, François Lazarevitch poursuit son travail autour des joyaux du répertoire pour flûte, amorcé au sein des Musiciens de Saint-Julien ou en solo avec des enregistrement consacrés à Bach, Telemann, Vivaldi ou van Eyck. Ces oeuvres datent pour la majorité d'entre elles des années 1745-1766, alors qu'il est au service du roi flûtiste Fréderic II. Deux solos complètent ce programme : la fameuse Sonate en la mineur pour flûte seule et la Fantaisie en fa dièse mineur pour clavier, qui témoigne de l'art de l'improvisation du fils Bach. Au coeur du siècle des Lumières, Carl Philipp Emanuel Bach est la personnalité la plus représentative de l'Empfindsamkeit, ce mouvement qui explore les remous profonds et insondables de l'homme et de la nature, en opposant à la science des maîtres du début du siècle, la liberté de l'inspiration et donc la libération de la forme. L'artiste cherche avant tout à exprimer les mouvements de l'âme, faisant montre de traits imprévus allant parfois jusqu'à la bizarrerie.

Après leurs interprétations passionnantes de Haydn, Beethoven et Schubert, le Quatuor Chiaroscuro se tourne maintenant vers les Quatuors prussiens de Mozart, ses dernières compositions pour cette formation. Ces quatuors ont été écrits pour Friedrich Wilhelm II, roi de Prusse et violoncelliste amateur, offrant à cet instrument un rôle exceptionnellement important. Le premier des trois quatuors a été composé assez rapidement, en juin 1789, mais les deux suivants n'ont été achevés que l'année suivante et finalement, le projet de Mozart d'une série de six ne put aboutir. L'écriture de quatuors n'a jamais été facile pour Mozart. Cependant, on pourrait difficilement deviner que les quatuors prussiens aient été le produit d'un "travail épuisant" (selon ses propres termes), tant ce dernier est réussi.

Théotime Langlois de Swarte continue son exploration du répertoire violonistique du début du XVIIIe siècle. Il met ici en lumière les liens qui unissent 3 compositeurs phares de cet instrument alors en plein essor : Vivaldi, père du concerto pour violon, et 2 de ses plus brillants cadets, Locatelli et Leclair. Un disque qui, par-delà les jeux d'échos et de filiations, révèle l'extraordinaire versatilité d'un instrument aussi virtuose que poète.